Programme Savanes
Le programme savanes a été initié avec le service Biodiversité de Eramet Comilog pour la réalisation de la compensation biodiversité liée à l’ouverture d’une nouvelle zone d’exploitation en 2020. Dans un premier temps, des études des savanes ont été réalisées à Moanda pour comprendre les différentes formations végétales associées et les espèces clés qui font la qualité et la santé de ces habitats. La caractérisation s’est ensuite poursuivie sur les savanes de la réserve.
Actuellement, nous testons l’impact des ruminants sur les savanes et développons de nouvelles pratiques de restauration favorisant la symbiose. Ces pratiques pourront être déployées à grande échelle.
Lutte contre les espèces invasives
Les EEE sont l’un des principaux facteurs de perte de biodiversité dans le monde. En effet, les activités humaines ont favorisé l’introduction et la propagation de ces espèces dans des environnements qu’elles ne coloniseraient pas naturellement.
L’herbe de Laos, scientifiquement connue sous le nom de Chromolaena odorata, est une plante envahissante qui pose un sérieux problème écologique dans les savanes gabonaises. Originaire d’Amérique centrale et du Sud, cette espèce a été introduite accidentellement en Afrique et s’est rapidement propagée en raison de sa capacité à coloniser divers habitats.
Sa croissance rapide et sa capacité à étouffer les plantes locales font de l’herbe de Laos une menace pour la biodiversité des savanes gabonaises. Elle épuise les nutriments du sol, désavantageant les espèces natives et perturbant les écosystèmes locaux. La lutte contre cette plante envahissante est essentielle pour préserver la santé et la diversité des habitats du Gabon.
En réponse à la prolifération de l’herbe de Laos sur un site d’intérêt, la Fondation a mené des essais en 2023 et 2024 pour contrôler cette espèce envahissante. Trois méthodes ont été testées :
- Dessouchage complet : Cette méthode offre des résultats rapides, mais expose temporairement le sol. Une manipulation délicate est nécessaire pour éviter d’endommager les sols et la banque de graines des espèces endémiques.
- Réduction foliaire suivie de dessouchage : La croissance rapide de l’herbe de Laos épuise les nutriments du sol, ce qui désavantage les espèces natives.
- Coupe rase sans dessouchage : Les résultats sont similaires à ceux de la méthode précédente.
Le dessouchage complet donne d’excellents résultats, bien qu’il soit exigeant en main-d’œuvre. La saison des pluies est particulièrement favorable, car elle stimule la croissance des espèces locales.
Projet Mandrillus
Depuis 2012, la Fondation accueille dans sa réserve le projet Mandrillus, piloté de manière tripartite par le CNRS, l’Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier (ISEM) et le Centre Interdisciplinaire de Recherches Médicales de Franceville (CIRMF).
Son but est de répondre à des questions fondamentales en écologie évolutive, en anthropologie, en écologie alimentaire, en communication animale ; mais aussi à répondre à des questions de conservation et d’épidémiologie. Les questions centrales du projet concernent l’évolution de la socialité (sélection de parentèle, relations hôtes-parasites).
Ce projet est rendu possible grâce à un contexte unique au monde fourni par la réserve : parmi les différents groupes de mandrills (+ 300) qui évoluent en totale liberté dans le Parc, certains sont habitués à l’homme et permettent donc aux chercheurs de les approcher et de les observer dans leur quotidien. Une équipe de chercheurs est logée au Parc de la Lékédi et collecte quotidiennement ou ponctuellement des données.
Le projet Mandrillus utilise des technologies avancées, comme l’intelligence artificielle et les réseaux neuronaux profonds, pour analyser des milliers de portraits de mandrills. Cela a permis de démontrer une sélection naturelle favorisant une ressemblance faciale accrue entre les membres de la famille paternelle.
En 2024, le projet a publié plusieurs articles, notamment dans les revues scientifiques iScience, Royal Society Open Science et Primates sur :
- L’impact bénéfique des relations sociales sur la santé et la longévité grâce à la diversification des microbiomes,
- La naissance des cadets qui entraîne une réduction des soins maternels des aînés, sans augmenter les conflits ou les comportements anxieux, contrairement à d’autres mammifères,
- L’observation rare d’une naissance diurne qui révèle des comportements périnéaux de la mère et du groupe.
Innovation et génie écologique
Dans le cadre de sa démarche de recherche et d’innovation, la Fondation Lékédi Biodiversité s’associe à l’équipe d’Open Innovation d’Eramet Ideas, le centre de recherche et d’innovation du groupe Eramet, et à Comilog pour expérimenter de nouvelles technologies de suivi écologique.
Ce projet, mené en collaboration avec les start-ups britanniques Mozaic Earth et Gentian, explore l’apport combiné de l’imagerie satellitaire, de l’intelligence artificielle et des relevés de terrain connectés afin de mieux comprendre et préserver la biodiversité. L’initiative vise à mettre en place des outils modernes, accessibles et reproductibles pour évaluer la qualité des écosystèmes et améliorer la gestion durable des zones naturelles et réhabilitées au Gabon.
Ce proof of concept a pour objectif de concevoir, déployer et valider un système de suivi de la biodiversité, évolutif et reproductible, sur le site minier de Comilog et dans la réserve de la Lékédi. Ce dispositif combine imagerie satellitaire à très haute résolution, analyses assistées par l’intelligence artificielle et relevés de terrain réalisés via smartphone. Il doit permettre de détecter la présence et d’estimer l’abondance d’espèces végétales exotiques envahissantes (EEE), d’évaluer l’état des écosystèmes et la diversité végétale sur cinq parcelles de savane en cours ou déjà réhabilitées, et de démontrer la faisabilité d’une solution opérationnelle, intégrée et rentable pour le suivi écologique.
La mise en œuvre repose sur une approche en quatre volets. Elle démarre par la cartographie des habitats grâce aux images satellites et à l’IA, incluant l’identification préliminaire d’espèces invasives. Vient ensuite une stratégie de smart sampling, qui optimise l’effort de terrain en fonction de la variabilité écologique et des zones à risque. Le ground-truthing est réalisé par les équipes locales, formées à l’utilisation de l’application mobile Mozaic Earth pour collecter des données photographiques géolocalisées, y compris hors ligne. Enfin, les informations sont analysées et validées à distance par des écologues : ajustement des modèles IA, détection fine des EEE, mesure de la diversité végétale et génération de rapports et tableaux de bord visuels.
Cette expérimentation doit démontrer la pertinence scientifique et technique du dispositif, tout en apportant une valeur ajoutée directe au suivi environnemental d’Eramet et à la conservation de la biodiversité au Gabon.